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sion, et à ceux qui ne le savaient pas, de la faire écrire par d’autres ou de se servir d’interprète. Bientôt, d’ailleurs, il composa un examen de conscience en chinois, le fit traduire en coréen et l’étudia par cœur. Dès lors, il n’eut plus un moment de liberté, d’autant plus que le P. Ryou, qui aurait dû l’aider, était au contraire un obstacle à son dévouement. Celui-ci, en effet, depuis son arrivée à Séoul, avait refusé d’apprendre la langue coréenne, rendant ainsi impossible la réception des sacrements à de nombreux fidèles, s’enfermant à la capitale, sans vouloir faire l’administration des chrétiens de province et abusant même de son ministère pour battre monnaie. M. Maubant ne tarda pas à être mis au courant de tous ces faits, et comprit alors pourquoi le prêtre chinois avait eu tant d’intérêt à ce que les missionnaires européens ne pussent venir le rejoindre. Après avoir inutilement employé les voies de la douceur pour remettre son compagnon dans la bonne voie, il dut, en qualité de Supérieur de la Mission, se résoudre à le renvoyer en Chine. Justement il s’agissait de faire entrer en Corée un nouveau missionnaire, le Père Chastan, qui depuis longtemps déjà avait été désigné pour cette mission. Aussi les courriers qui, à la fin de 1836, furent chargés d’aller à la frontière chercher le missionnaire, reconduisirent en même temps le prêtre chinois. Ils emmenaient aussi trois jeunes coréens, en qui le P. Maubant avait cru discerner de bonnes dispositions pour l’état ecclésiastique, et qu’il envoyait à Macao faire leurs études. Nous aurons occasion de reparler plus loin de ces prémices du clergé indigène en Corée.

ENTRÉE EN CORÉE DU PÈRE CHASTAN. — Le Père Chastan, fidèle au rendez-vous, arriva à la frontière le jour de Noël 1836, et, trois jours après, les courriers coréens arrivèrent de leur côté. « Pourrez-vous marcher comme un pauvre homme, avec un paquet sur le dos », lui demandèrent-ils. — « Certainement, répondit-il, d’autant que je ne suis pas fort riche ». On se mit donc en route le 31 Décembre à minuit. Le fleuve Yalou fut franchi sur la glace, à la faveur d’une nuit obscure, et la terrible douane fut évitée. Quinze jours après, les deux missionnaires