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qui avait été découvert par ce faux frère, comprit que c’était le moment de faire le sacrifice de sa vie. Il célébra pour la dernière fois la Sainte Messe, et sortit pour aller se livrer aux satellites qu’il savait être à l’attendre non loin de là. Il fut immédiatement arrêté et conduit à Séoul, où il eut à subir divers tourments.

ARRESTATION DES PP. MAUBANT ET CHASTAN.Mgr. Imbert pensant alors qu’il suffirait, pour épargner les fidèles, que les deux missionnaires se livrent, leur écrivit le billet suivant : « Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis ; si donc vous n’êtes pas encore partis en barque, venez avec l’envoyé Son kyei-tchyang. » C’était le nom du chef de satellites, chargé de la capture des missionnaires. Le Père Maubant, que le Père Chastan venait de quitter, fut seul à recevoir la communication du Vicaire Apostolique. Il expédia donc aussitôt un mot à son compagnon, l’invitant à revenir au plus tôt, et en même temps, il écrivit en ces termes au chef de satellites : « Ra sin-pou (le Père spirituel Ra, nom coréen et chinois du Père Maubant) fait savoir à Son kyei-tchyang qu’il ne peut se rendre de suite à Palkeimori, où il est attendu, parce que Tjyeng sinpu (le père spirituel Tjyeng, c’est ainsi qu’on désignait en coréen le Père Chastan) est à présent loin d’ici. Nous nous y rendrons ensemble dans une dizaine de jours. Je désire que ton cœur change et qu’après ta mort, tu trouves l’heureux séjour. » Le Père Chastan se hâta de rejoindre le Père Maubant ; ensemble ils écrivirent aux chrétiens, au Cardinal Préfet de la Propagande et aux membres de la Société des Missions Étrangères. Il serait trop long de citer toutes ces lettres ; qu’il suffise de donner ici le texte de celle adressée à leurs confrères. Ces quelques lignes d’adieu respirent une telle générosité, qu’elles remplissent d’admiration tous ceux qui les lisent.