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PERSÉCUTION DE 1839. — Au commencement de 1839, de beaux jours semblaient donc se lever pour les missionnaires. Hélas ! sans qu’on ait pu le prévoir, la persécution éclata tout d’un coup, plus furieuse que jamais. La démission du premier régent du royaume, la nomination, comme premier ministre, d’un ennemi acharné du nom chrétien, suffirent pour faire disparaître toutes les espérances. À la fin du mois de Janvier, Mgr. Imbert, ayant appris l’arrestation de trois familles chrétiennes, s’empresse de terminer sa tournée, et revient à la capitale, où un millier de chrétiens l’attendaient pour recevoir les sacrements. Malgré la défense de l’évêque, les chrétiens eurent le tort de se réunir en trop grand nombre à la fois, et puis, il y eut parmi eux des traîtres assez vils pour vendre leurs frères. La maison, où avait lien la réunion, fut cernée un soir par les satellites ; ailleurs aussi en ville, il y eut plusieurs arrestations, on réussit même à s’emparer des ornements épiscopaux. Dès lors, les poursuites et arrestations se succédèrent, et les prisons regorgèrent de chrétiens. Sur un rapport plein de haine du premier ministre, la régente de répondre : « Si les chrétiens pullulent de nouveau dans le royaume, c’est parce qu’ils n’ont pas été complètement exterminés en 1801. Il ne suffit pas de couper les mauvaises herbes, il faut en arracher les racines ».

ARRESTATION DE Mgr. IMBERT. — Cette déclaration royale ne fit qu’augmenter l’ardeur des ennemis des chrétiens. Bientôt quarante d’entre eux furent condamnés à mort. On n’osa pas, il est vrai, en venir à l’exécution totale de la sentence. Il arriva même qu’en Juin, la persécution sembla un moment faiblir, mais en Juillet, un nouveau décret vint la rallumer, et les exécutions se suivirent de plus en plus nombreuses Mgr. Imbert, qui avait profité de l’accalmie relative pour gagner la province et visiter les chrétiens, appela à lui ses deux missionnaires. Réunis le 29 Juillet, ils tinrent conseil, et ils décidèrent de se tenir cachés jusqu’à ce que l’Évêque en décidât autrement. Ils ne devaient plus se rencontrer qu’en prison. Depuis quelque temps, en effet, la cachette de l’Évêque avait fini par être connue d’un traître. Le 10 Août, fête de St Laurent, son patron, Mgr. Imbert,