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ÉDIT ROYAL CONTRE LA RELIGION CATHOLIQUE.
(24 Novembre 1839)

La persécution de 1839 eut un caractère général, et nombreux furent les martyrs à Séoul et dans les diverses provinces du royaume. Toutefois, à la fin, l’opinion publique commença à se préoccuper de ces exécutions multiples. L’on commençait à plaindre les innocentes victimes de ces boucheries. Le gouvernement coréen fit alors ce que font tous les persécuteurs, il appela le mensonge en aide à la force, et bientôt parut une proclamation royale contre les chrétiens, proclamation qui fut répandue partout en chinois et en coréen. C’est une production étrange, dans le genre de la proclamation de 1801, qui déclare la religion chrétienne, une religion exécrable et perverse ; accusant les catholiques de tous les crimes, le roi déclare pour finir qu’en sa qualité de « père du peuple, » il est tenu de combattre l’erreur par tous les moyens possibles, et de mettre à mort ses propagateurs et ses chefs.

Mgr. FERRÉOL, TROISIÈME VICAIRE APOSTOLIQUE. — La persécution qui continua à sévir jusqu’au mois de Février 1840, et puis peu à peu se calma, avait été générale par toute la Corée : les fidèles se trouvaient dispersés et réduits à la misère. Mais les ennemis de la religion chrétienne s’étaient trompés, s’ils avaient espéré la voir disparaître. Ce fut le contraire qui arriva. La doctrine évangélique fut répandue par tout le royaume. Dans les villes et les montagnes les plus reculées, du premier ministre au dernier des geôliers, tous entendirent exposer les dogmes principaux de la religion catholique ; la semence divine fut portée par la tempête aux quatre coins du ciel, et qui pourra jamais dire en combien d’âmes cette semence produisit des fruits de salut. En tout cas, c’est un fait constaté par les missionnaires : à partir de cette persécution, on cessa de mépriser les chrétiens. L’hostilité du gouvernement ne fut pas supprimée, mais l’opinion publique rendit justice à la charité, à la patience, à la bonne foi, au courage, à toutes les vertus dont nos confesseurs donnèrent alors de si beaux exemples. D’ailleurs, pour remplacer les apôtres tombés sous le glaive du bourreau,