Page:Missions étrangères de Paris - Le catholicisme en Corée, son origine et ses progrès, 1924.pdf/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 33 —

gardes des frontières. D’autre part, les chrétiens, rendus plus craintifs par la persécution, s’exagéraient les difficultés de l’entreprise. Le courageux jeune homme, cherchant une autre porte d’entrée pour pénétrer dans son pays, parcourut les plaines glacées de la Mandchourie, arriva sur la frontière, à Hountchyoun, dans le nord de la Corée, non loin de la mer du Japon. Il rencontra dans cette ville à l’époque de la foire annuelle plusieurs coréens catholiques, et il fut convenu avec eux que Mgr. Ferréol se trouverait l’année suivante (1845) en face du Yalou, afin d’entrer à la suite de l’ambassade. L’évêque fut exact au rendez-vous, mais les chrétiens lui déclarèrent que son entrée était pour le moment impossible. Ils consentirent du moins à essayer d’introduire André Kim. Celui-ci, s’il parvenait à pénétrer dans le pays, devait chercher à établir des relations par mer avec la Chine. Telle était la consigne donnée par l’évêque. Ayant réussi dans son aventureuse entreprise, André Kim gagna Séoul, se rendit compte de l’état de la Mission, acheta une barque, puis accompagné de onze chrétiens, et muni d’une simple boussole, sans dire à son équipage où il le conduisait, il se dirigea vers Shanghai, où il aborda au bout de trois semaines de navigation. Grâce à sa connaissance du français, il se fait reconnaître, et Mgr. Ferréol accourt aussitôt avec un jeune missionnaire, le Père Daveluy. Quelques jours après leur arrivée, une touchante cérémonie fut célébrée dans une petite chrétienté près de Shanghai. Le 17 Août 1845, Mgr. Ferréol éleva au sacerdoce l’intrépide André Kim, qui précédemment avait reçu le diaconat en Mandchourie. Le premier Septembre, le nouveau prêtre remonta sur sa barque, prit secrètement à bord son évêque et le Père Daveluy, et fit voile vers la Corée. Après un long et périlleux voyage, le débarquement put se faire sans incident près de Kang-kyeng-ri, village situé aux confins du Tchyoung-tchyeng-to et du Tjyen-la-to. Cette région qui se trouve au sud de la capitale, est maintenant remplie de chrétientés nombreuses et ferventes.

MARTYRE DU PÈRE KIM ANDRÉ.Mgr. Ferréol n’eut qu’une hâte, ce fut de gagner Séoul, d’examiner la situation et de tout préparer pour l’entrée du Père Maistre qu’il avait laissé