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en Mandchourie en compagnie de l’autre séminariste, le diacre Thomas Tchoi. Ce fut encore Kim André qui fut chargé de cette mission de confiance. Malheureusement à peine le jeune prêtre avait-il commencé à s’aboucher avec des chinois, qui faisaient la pêche sur les côtes de Corée, qu’il fut arrêté. Pas un instant son courage ne se démentit. Un moment, il espéra bien se faire passer pour chinois, mais il ne tarda pas à se rendre compte qu’il était entièrement découvert. Il répondit alors avec fierté à tous les interrogatoires, déclarant hautement sa qualité de chrétien et de prêtre, et raconta sa vie entière. Sa grandeur d’âme et son intelligence séduisirent les ministres eux-mêmes qui prièrent le Roi de lui conserver la vie. Celui-ci était sur le point d’accorder la grâce demandée, lorsqu’il reçut une lettre de l’Amiral français Cécile, qui venait demander aux Coréens raison du meurtre des trois missionnaires en 1839. Le Roi voyant les chrétiens soutenus par les étrangers, entra dans une violente colère, changea de sentiment et donna l’ordre de frapper tous les prisonniers chrétiens, de relaxer ceux qui apostasieraient et de mettre immédiatement à mort ceux qui resteraient fidèles à leur foi. André Kim garda jusqu’au bout son invincible fermeté, et fut décapité le 16 Septembre. Pendant les préparatifs du supplice, André parlait avec ses bourreaux : « De cette manière, suis-je placé comme il le faut ? » leur disait-il. « Pouvez-vous frapper à votre aise ? » — Tournez-vous un peu, voilà qui est bien. — « Frappez, je suis prêt. » Et la tête du jeune prêtre roula sur le sol. Pie IX l’a déclaré vénérable en 1857, en même temps que Mgr. Imbert et ses compagnons. Le corps du premier prêtre coréen martyr repose maintenant dans la chapelle du Séminaire de Ryongsan, près de Séoul.