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CHECHE

de dragées. Le village s’appelle Savonniere, & eſt ſitué ſur le chemin de Tours à Chinon, au bord méridionnal du Cher. On deſcend dans ces caves par pluſieurs ouvertures, dont l’une à droite conduit dans une eſpece de chambre beaucoup plus profonde que large, & qui eſt ſi baſſe qu’on ne peut s’y tenir debout. Le rocher qui couvre cette chambre y forme un plafond naturel ; l’eau qui en diſtille ſans ceſſe, a couvert ce plafond d’une croûte blanche, telle qu’on voit ſur les biſcuits ou maſſepins glacés, & a formé en tombant pluſieurs gouttes blanches, durcies & un peu allongées, comme ſi l’on avoit attaché à ce plafond quantité de clous de girofle enduits de ſucre. De là on trouve à gauche, ſous une voûte exhauſſée, une eſpece d’autel long, large & haut à proportion : cet autel eſt d’une ſeule piece de pierre blanche & dure ; il a été formé par l’eau qui tombe du roc, & ſe pétrifie dans ſa chûte, comme on le remarque, par les rocailles de pierre, en façon de glaçons ou de criſtaux attachés au roc, qui fait le fond de l’autel. De cette cave l’on paſſe par une ouverture fort baſſe dans une chambre plus longue que largue, dont les deux bouts préſentent un ſpectacle des plus brillans & curieux ; ce ſont deux grands rochers de pierre blanche comme de la neige, & dure comme le marbre, de figure pyramidale, formés par pluſieurs cordons rentrans, poſés les uns ſur les autres avec une régularité ſurprenante, & ornés naturellement de petites écailles couchées & creuſées comme ſi on les eût travaillées au ciſeau. Le cordon le plus haut & le moins large renferme un baſſin rempli d’eau qui dégoute de la voûte, & qui débordant, coule ſans ceſſe dans le contour des rochers, & entretient pluſieurs autres baſſins plus petits, que la nature a formé dans chaque cordon de diſtance en diſtance. Entre les deux rochers de cette chambre, il y a pluſieurs lacunes ou flaques d’eau peu profondes, dont la ſurface eſt couverte d’une croûte de glace de l’épaiſſeur d’une feuille de tôle : ces croûtes ſe précipitent à meſure qu’elles s’épaiſſiſſent. Dans ces flaques d’eau, auſſi bien que dans les baſſins des rochers, on trouve quantité de petites pierres de toute ſorte de figures ; leur blancheur & leur forme ronde imitent parfaitement les dragées. Enfin, les morceaux de pierre que l’on détache avec bien de la peine, ont tant de ſimilitude avec le ſucre, à la peſanteur près, qu’il eſt impoſſible de ne pas s’y tromper.