Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/150

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Pandolfe

Je me trompais donc bien ; car j’avais la pensée
Qu’à tout ce qu’il faisait tu donnais de l’appui.

Mascarille

Moi ! Voyez ce que c’est que du monde aujourd’hui,
Et comme l’innocence est toujours opprimée ?
Si mon intégrité vous était confirmée,
Je suis auprès de lui gagé pour serviteur,
Vous me voudriez encor payer pour précepteur :
Oui, vous ne pourriez pas lui dire davantage
Que ce que je lui dis pour le faire être sage.
Monsieur, au nom de Dieu, lui fais-je assez souvent,
Cessez de vous laisser conduire au premier vent ;
Réglez-vous ; regardez l’honnête homme de père
Que vous avez du ciel, comme on le considère ;
Cessez de lui vouloir donner la mort au cœur,
Et, comme lui, vivez en personne d’honneur.

Pandolfe

C’est parler comme il faut. Et que peut-il répondre ?

Mascarille

Répondre ? Des chansons dont il me vient confondre.
Ce n’est pas qu’en effet, dans le fond de son cœur,
Il ne tienne de vous des semences d’honneur ;
Mais sa raison n’est pas maintenant la maîtresse.
Si je pouvais parler avecque hardiesse,
Vous le verriez dans peu soumis sans nul effort.

Pandolfe

Parle.

Mascarille

xxxxxxxxxxxxxxxx C’est un secret qui m’importerait fort
S’il était découvert ; mais à votre prudence
Je le puis confier avec toute assurance.

Pandolfe

Tu dis bien.

Mascarille

xxxxxxxxxxxxxxxx Sachez donc que vos vœux sont trahis
Par l’amour qu’une esclave imprime à votre fils.

Pandolfe

On m’en avait parlé ; mais l’action me touche