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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/157

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Enfin, pour achever, l’excès de son transport
M’a fait en grande hâte ensevelir le mort,
De peur que cet objet, qui le rend hypocondre,
À faire un vilain coup ne me l’allât semondre.

Anselme

N’importe, tu devais attendre jusqu’au soir ;
Outre qu’encore un coup j’aurais voulu le voir,
Qui tôt ensevelit, bien souvent assassine ;
Et tel est cru défunt, qui n’en a que la mine.

Mascarille

Je vous le garantis trépassé comme il faut.
Au reste, pour venir au discours de tantôt,
Lélie (et l’action lui sera salutaire)
D’un bel enterrement veut régaler son père,
Et consoler un peu ce défunt de son sort,
Par le plaisir de voir faire honneur à sa mort.
Il hérite beaucoup ; mais comme en ses affaires
Il se trouve assez neuf et ne voit encor guères,
Que son bien la plupart n’est point en ces quartiers,
Ou que ce qu’il y tient consiste en des papiers,
Il voudrait vous prier, ensuite de l’instance
D’excuser de tantôt son trop de violence,
De lui prêter au moins pour ce dernier devoir…

Anselme

Tu me l’as déjà dit, et je m’en vais le voir.

Mascarille, seul.

Jusques ici du moins tout va le mieux du monde.
Tâchons à ce progrès que le reste réponde ;
Et, de peur de trouver dans le port un écueil,
conduisons le vaisseau de la main et de l’oeil.


Scène 4


Anselme, Lélie, Mascarille

Anselme

Sortons ; je ne saurais qu’avec douleur très forte
Le voir empaqueté de cette étrange sorte.
Las ! en si peu de temps ! Il vivait ce matin !

Mascarille

En peu de temps parfois on fait bien du chemin.