Aller au contenu

Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
iv
PRÉCIS DE L’HISTOIRE


douzième siècle ; elle règne, avec la foi, jusqu’au moment où la renaissance ouvre à l’esprit humain des voies entièrement nouvelles : alors le génie gréco-romain se réveille, en s’alliant au génie chrétien et chevaleresque. Les compositions dramatiques sont tout à la fois religieuses, satiriques, classiques, romanesques. Enfin, Corneille et Molière, en élevant d’un seul coup notre Théâtre au plus haut degré de perfection, marquent l’avénement définitif de l’art moderne.

I

Les Romains, dont la passion pour les spectacles était si vive, portèrent jusqu’aux limites les plus reculées de l’Empire les jeux scéniques en faveur à Rome. Ils établirent dans un grand nombre de villes de la Gaule des cirques pour les combats d’hommes et d’animaux, et quelques théâtres pour les représentations littéraires[1] ; mais les cruautés et les jeux obscènes qui déshonoraient la scène antique, s’accordaient mal avec la morale austère du christianisme, et la réprobation des conciles éloigna peu à peu la foule de ces amusements réprouvés. Vers 577, Chilpéric fit construire à Paris et à Soissons[2] des cirques où les gladiateurs et les bêtes féroces furent remplacés par des danseuses et des chiens savants, et dans lesquels se donnèrent encore, par exception, des combats d’ours et de taureaux, derniers vestiges des spectacles païens. Maudits par le clergé et désertés par le peuple, les théâtres et les cirques furent convertis en forteresses ou démolis pour

    temnestre grecque du sixième siècle, forment le répertoire de ces temps reculés. Toutes ces pièces sont étrangères à la France. Nous n’avons pas besoin de dire qu’il en est de même du théâtre latin de Hroswitha.

  1. Les principaux théâtres ou amphithéâtres de la Gaule romaine étaient à Agen, à Besançon, à Autun, à Bordeaux, à Angers, à Limoges, à Lisieux, à Nismes, à Orange, à Soissons, à Doué, à Arles, à Narbonne, au Mans, à Saumur, à Bourges. Le nom d’arènes conservé dans un grand nombre de quartiers des villes d’origine romaine, et les ruines magnifiques de quelques théâtres et cirques, sont là pour attester que la passion des vainqueurs avait de bonne heure passé aux vaincus.
  2. Grégoire de Tours, Hist., liv. V, ch. xviii.