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PRÉCIS DE L’HISTOIRE

fille représentait la Vierge en portant dans ses bras un enfant de cire. Le jour de Noël on plaçait dans le sanctuaire une crèche, autour de laquelle venaient se prosterner les rois Mages. Au-dessus de cette crèche brillait l’étoile qui les avait guidés. Le bœuf et l’âne, l’ânesse de Balaam, celle de Jésus, figuraient à certaines époques dans les cérémonies du culte.

Nous ne parlerons pas des fêtes nommées barbatoires, barbatoriæ, pendant lesquelles les prêtres dansaient, sautaient, chantaient dans les églises, et quelquefois même continuaient au dehors leurs chants et leurs danses. Nous ne parlerons pas non plus des dialogues funèbres qu’on répétait aux enterrements des grands personnages, parce que nous ne pouvons voir dans tout cela, quoi qu’on en ait dit, d’une part que des divertissements bizarres, de l’autre que des prières. Que la fête de l’âne, la procession du renard et une foule d’autres cérémonies grotesques soient nées des barbatoires ou des triviales représentations figurées qu’on avait introduites dans le sanctuaire, nous ne le contestons pas ; mais nous n’avons non plus rien rencontré qui nous autorise à l’affirmer, et nous persistons à ne reconnaître en France l’existence du Théâtre que du moment où nous trouvons de véritables pièces dramatiques. Or, pour nous, les premières de ces pièces ne sont point des offices de l’Église, mais uniquement des mystères et des miracles. Ces réserves faites, nous acceptons sur tous les points les éclaircissements qui ont été donnés, de nos jours, sur ces compositions singulières, et nous disons, après bien d’autres, parce qu’ici nous avons rencontré l’évidence historique, que les premiers mystères peuvent quelquefois se confondre avec certains offices ; que ces mystères ont été d’abord composés par des prêtres, joués par des prêtres, et joués dans des églises, ce qui justifie cette assertion que l’origine du Théâtre français est une origine religieuse.

II

Quoiqu’il soit difficile, dans le chaos de notre vieille litté-