Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/236

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Mais enfin cette affaire est comme vous la dites,
Et c’est après cinq jours de nocturnes visites,
Tandis que vous serviez à mieux couvrir leur jeu,
Que depuis avant-hier ils sont joints de ce nœud ;
Et Lucile depuis fait encor moins paroître
La violente amour qu’elle porte à mon maître,
Et veut absolument que tout ce qu’il verra,
Et qu’en votre faveur son cœur témoignera,
Il l’impute à l’effet d’une haute prudence
Qui veut de leurs secrets ôter la connoissance.
Si malgré mes serments vous doutez de ma foi,
Gros-René peut venir une nuit avec moi,
Et je lui ferai voir, étant en sentinelle,
Que nous avons dans l’ombre un libre accès chez elle.


Éraste

Ôte-toi de mes yeux, maraud.


Mascarille

Et de grand cœur ;
C’est ce que je demande.


Éraste

Hé bien ?


Gros-René

Hé bien, monsieur,
Nous en tenons tous deux, si l’autre est véritable.


Éraste

Las ! Il ne l’est que trop, le bourreau détestable.
Je vois trop d’apparence à tout ce qu’il a dit ;
Et ce qu’a fait Valère, en voyant cet écrit,
Marque bien leur concert, et que c’est une baye
Qui sert sans doute aux feux dont l’ingrate le paye.

I, 5

Marinette

Je viens vous avertir que tantôt sur le soir
Ma maîtresse au jardin vous permet de la voir.

Éraste