Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Non pas,
Je ne dis pas cela.


Éraste

Que dis-tu donc ?


Mascarille

Hélas !
Je ne dis rien, de peur de mal parler.


Éraste

Assure
Ou si c’est chose vraie, ou si c’est imposture.


Mascarille

C’est ce qu’il vous plaira : je ne suis pas ici
Pour vous rien contester.


Éraste

Veux-tu dire ? Voici,
Sans marchander, de quoi te délier la langue.


Mascarille

Elle ira faire encor quelque sotte harangue !
Hé ! De grâce, plutôt, si vous le trouvez bon,
Donnez-moi vitement quelques coups de bâton,
Et me laissez tirer mes chausses sans murmure.


Éraste

Tu mourras, ou je veux que la vérité pure
S’exprime par ta bouche.


Mascarille

Hélas ! Je la dirai ;
Mais peut-être, monsieur, que je vous fâcherai.


Éraste

Parle ; mais prends bien garde à ce que tu vas faire :
À ma juste fureur rien ne te peut soustraire,
Si tu mens d’un seul mot en ce que tu diras.


Mascarille

J’y consens, rompez-moi les jambes et les bras,
Faites-moi pis encor, tuez-moi, si j’impose
En tout ce que j’ai dit ici la moindre chose.


Éraste

Ce mariage est vrai ?


Mascarille

Ma langue, en cet endroit,
A fait un pas de clerc dont elle s’aperçoit ;