Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/242

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écrit, ne m’en dît jamais rien.
Enfin, sans m’arrêter sur toute l’industrie
Dont j’ai conduit le fil de cette tromperie,
J’ai poussé jusqu’au bout un projet si hardi,
Et me suis assuré l’époux que je vous di.

Frosine


Peste ! Les grands talents que votre esprit possède !
Diroit-on qu’elle y touche avec sa mine froide ?
Cependant vous avez été bien vite ici ;
Car je veux que la chose ait d’abord réussi :
Ne jugez-vous pas bien, à regarder l’issue,
Qu’elle ne peut longtemps éviter d’être sue ?

Ascagne


Quand l’amour est bien fort, rien ne peut l’arrêter ;
Ses projets seulement vont à se contenter,
Et pourvu qu’il arrive au but qu’il se propose,
Il croit que tout le reste après est peu de chose.
Mais enfin aujourd’hui je me découvre à vous,
Afin que vos conseils… Mais voici cet époux.
II, 2

Valère

Si vous êtes tous deux en quelque conférence
Où je vous fasse tort de mêler ma présence,
Je me retirerai.

Ascagne


Non, non, vous pouvez bien,
Puisque vous le faisiez, rompre notre entretien.

Valère

Moi ?

Ascagne


Vous-même.

Valère

Et comment ?

Ascagne


Je disois que Valère
Auroit, si j’étois fille, un peu trop su me plaire,