Et que si je faisois tous les vœux de son cœur,
Je ne tarderois guère à faire son bonheur.
Ces protestations ne coûtent pas grand chose,
Alors qu’à leur effet un pareil si s’oppose ;
Mais vous seriez bien pris, si quelque événement
Alloit mettre à l’épreuve un si doux compliment.
Point du tout ; je vous dis que régnant dans votre âme,
Je voudrois de bon cœur couronner votre flamme.
Et si c’étoit quelqu’une où par votre secours
Vous pussiez être utile au bonheur de mes jours ?
Je pourrois assez mal répondre à votre attente.
Cette confession n’est pas fort obligeante.
Hé quoi ? Vous voudriez, Valère, injustement,
Qu’étant fille, et mon cœur vous aimant tendrement,
Je m’allasse engager avec une promesse
De servir vos ardeurs pour quelque autre maîtresse ?
Un si pénible effort, pour moi, m’est interdit.
Mais cela n’étant pas ?
Ce que je vous ai dit,
Je l’ai dit comme fille, et vous le devez prendre
Tout de même.
Ainsi donc il ne faut rien prétendre,
Ascagne, à des bontés que vous auriez pour nous,
À moins que le ciel fasse un grand miracle en vous.
Bref, si vous n’êtes fille, adieu votre tendresse :
Il ne vous reste rien qui pour nous s’intéresse.
J’ai l’esprit délicat plus qu’on ne peut penser,
Et le moindre scrupule a de quoi m’offenser,
Quand il s’agit d’aimer. Enfin je suis sincère :
Je ne m’engage point à vous servir, Valère,
Si vous ne m’assurez au moins absolument
Que vous gardez