Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/245

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Votre discours m’étonne.
Plût à Dieu que ma sœur…

Ascagne


Ce n’est pas la saison
De m’expliquer, vous dis-je.

Valère

Et pourquoi ?

Ascagne


Pour raison.
Vous saurez mon secret, quand je saurai le vôtre.

Valère

J’ai besoin pour cela de l’aveu de quelque autre.

Ascagne


Ayez-le donc ; et lors nous expliquant nos vœux,
Nous verrons qui tiendra mieux parole des deux.

Valère

Adieu, j’en suis content.

Ascagne


Et moi content, Valère.

Frosine


Il croit trouver en vous l’assistance d’un frère.




Scène II, 3



Lucile

C’en est fait : c’est ainsi que je me puis venger ;
Et si cette action a de quoi l’affliger,
C’est toute la douceur que mon cœur s’y propose
Mon frère, vous voyez une métamorphose :
Je veux chérir Valère après tant de fierté,
Et mes vœux maintenant tournent de son côté.

Ascagne

Que dites-vous, ma sœur ? Comment ? Courir au change !
Cette inégalité me semble trop étrange.

Lucile

La vôtre me surprend avec plus de sujet :
De vos soins autrefois Valère étoit l’objet ;
Je vous ai vu pour lui m’accuser de caprice,
D’aveugle cruauté, d’orgueil et d’injustice :