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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/285

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J’approuve ce transport ;
Mais le mal est, monsieur, qu’il faudra s’introduire
En cachette.

Valère

Fort bien.

Mascarille

Et j’ai peur de vous nuire.

Valère

Et comment ?

Mascarille

Une toux me tourmente à mourir,
Dont le bruit importun vous fera découvrir :
De moment en moment… Vous voyez le supplice.

Valère

Ce mal te passera : prends du jus de réglisse.

Mascarille

Je ne crois pas, monsieur, qu’il se veuille passer.
Je serois ravi, moi, de ne vous point laisser ;
Mais j’aurois un regret mortel, si j’étois cause
Qu’il fût à mon cher maître arrivé quelque chose.




Scène V, 3



La Rapière

Monsieur, de bonne part je viens d’être informé
Qu’Éraste est contre vous fortement animé,
Et qu’Albert parle aussi de faire pour sa fille
Rouer jambes et bras à votre Mascarille.

Mascarille

Moi, je ne suis pour rien dans tout cet embarras.
Qu’ai-je fait pour me voir rouer jambes et bras ?
Suis-je donc gardien, pour employer ce style,
De la virginité des filles de la ville ?
Sur la tentation ai-je quelque crédit ?
Et puis-je mais, chétif, si le cœur leur en dit ?

Valère

Oh ! Qu’ils ne seront pas si méchants qu’ils le disent !
Et quelque belle ardeur que ses feux lui produisent,
Éraste n’aura pas si bon marché de nous.

La Rapière