Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/322

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Madelon

Ils ont tout à fait bon air.

Mascarille

Je puis me vanter au moins qu’ils ont un grand quartier plus que tous ceux qu’on fait.

Magdelon

Il faut avouer que je n’ai jamais vu porter si haut l’élégance de l’ajustement.

Mascarille

Attachez un peu sur ces gants la réflexion de votre odorat.

Magdelon

Ils sentent terriblement bon.

Cathos

Je n’ai jamais respiré une odeur mieux conditionnée.

Mascarille

Et celle-là ?


Il donne à sentir les cheveux poudrés de sa perruque.


Magdelon

Elle est tout à fait de qualité ; le sublime en est touché délicieusement.

Mascarille

Vous ne me dites rien de mes plumes ! comment les trouvez-vous ?

Cathos

Effroyablement belles.

Mascarille

Savez-vous que le brin me coûte un louis d’or ? Pour moi, j’ai cette manie de vouloir donner généralement sur tout ce qu’il y a de plus beau.

Magdelon

Je vous assure que nous sympathisons vous et moi. J’ai une délicatesse furieuse pour tout ce que je porte ; et jusqu’à mes chaussettes, je ne puis rien souffrir qui ne soit de la bonne faiseuse[1].

Mascarille, s'écriant brusquement

Ahi ! ahi ! ahi ! doucement. Dieu me damne, mesdames, c’est fort mal en user ; j’ai à me plaindre de votre procédé ; cela n’est pas honnête.

Cathos
  1. VAR Qui ne soit de la bonne ouvrière.