Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/346

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Qui puisse d’une femme exciter la vengeance,
Tu prends d’un feint courroux le vain amusement
Pour prévenir l’effet de mon ressentiment :
D’un pareil procédé l’insolence est nouvelle,
Celui qui fait l’offense est celui qui querelle.

Sganarelle

Eh ! la bonne effrontée, à voir ce fier maintien
Ne la croirait-on pas une femme de bien.

Sa femme'

Va, poursuis ton chemin, cajole tes maîtresses,
Adresse-leur tes vœux et fais-leur des caresses ;
Mais rends-moi mon portrait sans te jouer de moi.
(Elle lui arrache le portrait et s’enfuit.)

Sganarelle
courant après elle.

Oui, tu crois m’échapper, je l’aurai malgré toi.



===Scène VII===

Lélie, Gros-René.


Gros-René

Enfin nous y voici ; mais Monsieur, si je l’ose,
Je voudrais vous prier de me dire une chose.

Lélie

Hé bien, parle ?

Gros-René

Hé bien, parle ? Avez-vous le diable dans le corps
Pour ne pas succomber à de pareils efforts,
Depuis huit jours entiers avec vos longues traites
Nous sommes à piquer de chiennes de mazettes,
De qui le train maudit nous a tant secoués,
Que je m’en sens pour moi tous les membres roués,
Sans préjudice encor d’un accident bien pire,