Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/372

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applaudir de son inquiétude ;
Et ce qui pour mon âme est souvent un peu rude,
C’est de voir Dom Alvar ne prendre aucun souci.

Done Elvire
Nous ne le croyions pas si proche ; le voici.


Scène 2

Done Elvire, Dom Alvare, Élise.

Done Elvire
Votre retour surprend, qu’avez-vous à m’apprendre ?
Dom Alphonse vient-il, a-t-on lieu de l’attendre ?

Dom Alvare
Oui, Madame, et ce frère en Castille élevé
De rentrer dans ses droits voit le temps arrivé.
Jusqu’ici Dom Louis qui vit à sa prudence
Par le feu Roi mourant, commettre son enfance,
A caché ses destins aux yeux de tout l’État,
Pour l’ôter aux fureurs du traître Mauregat.
Et bien que le tyran, depuis sa lâche audace,
L’ait souvent demandé pour lui rendre sa place ;
Jamais son zèle ardent n’a pris de sûreté,
À l’appas dangereux de sa fausse équité.
Mais les peuples émus par cette violence
Que vous a voulu faire une injuste puissance,
Ce généreux vieillard a cru qu’il était temps
D’éprouver le succès d’un espoir de vingt ans.
Il a tenté Léon, et ses fidèles trames,
Des grands, comme du peuple ont pratiqué les âmes,
Tandis que la Castille armait dix mille bras,
Pour redonner ce prince aux vœux de ses États ;
Il fait auparavant semer sa renommée,
Et ne veut le montrer qu’en tête d’une armée.
Que tout prêt à lancer le foudre punisseur,
Sous qui doit succomber un lâche ravisseur.
On investit Léon, et Dom Sylve en personne
Commande le secours que son père vous donne.

Done Elvire
Un secours si puissant doit flatter notre espoir ;