Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/377

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Ouvre aux plus grands efforts trop de facilité ;
Que le Ciel me déclare une éternelle guerre,
Que je tombe à vos pieds d’un éclat de tonnerre,
Ou pour périr encor par de plus rudes coups,
Puissé-je voir sur moi fondre votre courroux ;
Si jamais mon amour descend à la faiblesse
De manquer aux devoirs d’une telle promesse ;
Si jamais dans mon âme aucun jaloux transport
Fait…

Dom Pèdre apporte un billet.

Done Elvire
Fait… J’en étais en peine, et tu m’obliges fort,
Que le courrier attende. À ces regards qu’il jette,
Vois-je pas que déjà cet écrit l’inquiète ?
Prodigieux effet de son tempérament,
Qui vous arrête, Prince, au milieu du serment ?

Dom Garcie
J’ai cru que vous aviez quelque secret ensemble,
Et je ne voulais pas l’interrompre.

Done Elvire
Et je ne voulais pas l’interrompre. Il me semble
Que vous me répondez d’un ton fort altéré,
Je vous vois tout à coup le visage égaré ;
Ce changement soudain a lieu de me surprendre,
D’où peut-il provenir, le pourrait-on apprendre ?

Dom Garcie
D’un mal qui tout à coup vient d’attaquer mon cœur.

Done Elvire
Souvent plus qu’on ne croit ces maux ont de rigueur ;
Et quelque prompt secours vous serait nécessaire,
Mais encor dites-moi vous prend-il d’ordinaire ?

Dom Garcie