Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/402

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Et tout est pardonnable à qui se voit trompé.
Si l’ingrate à mes yeux pour flatter votre flamme,
À jamais n’être à moi vient d’engager son âme,
Je saurai bien trouver, dans mon juste courroux,
Les moyens d’empêcher qu’elle ne soit à vous.

Dom Sylve
Cet obstacle n’est pas ce qui me met en peine,
Nous verrons quelle attente en tout cas sera vaine,
Et chacun de ses feux pourra par sa valeur,
Ou défendre la gloire, ou venger le malheur.
Mais comme entre rivaux, l’âme la plus posée,
À des termes d’aigreur trouve une pente aisée,
Et que je ne veux point qu’un pareil entretien
Puisse trop échauffer votre esprit, et le mien :
Prince, affranchissez-moi d’une gêne secrète,
Et me donnez moyen de faire ma retraite.

Dom Garcie
Non, non, ne craignez point qu’on pousse votre esprit,
À violer ici l’ordre qu’on vous prescrit ;
Quelque juste fureur qui me presse et vous flatte,
Je sais, Comte, je sais, quand il faut qu’elle éclate.
Ces lieux vous sont ouverts, oui, sortez-en, sortez,
Glorieux des douceurs que vous en remportez ;
Mais encore une fois, apprenez que ma tête
Peut seule dans vos mains mettre votre conquête.

Dom Sylve
Quand nous en serons là, le sort en notre bras,
De tous nos intérêts videra les débats.


ACTE IV

Scène première

Done Elvire, Dom Alvare.

Done Elvire
Retournez, Dom Alvar, et perdez l'espérance
De me persuader l'oubli de cette offense.