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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/451

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Ergaste, que dis-tu d’une telle aventure ?

Sganarelle
Le voilà bien surpris !

Ergaste, à part.
Selon ma conjecture,
Je tiens qu’elle n’a rien de déplaisant pour vous,
Qu’un mystère assez fin est caché là-dessous,
Et qu’enfin cet avis n’est pas d’une personne
Qui veuille voir cesser l’amour qu’elle vous donne.

Sganarelle, à part.
Il en tient comme il faut.

Valère
Tu crois mystérieux…

Ergaste
Oui… Mais il nous observe, ôtons-nous de ses yeux.

Sganarelle
Que sa confusion paroît sur son visage !
Il ne s’attendait pas sans doute à ce message.
Appelons Isabelle. Elle montre le fruit
Que l’éducation dans une âme produit :
La vertu fait ses soins, et son coeur s’y consomme
Jusques à s’offenser des seuls regards d’un homme.


Scène 3

Isabelle
J’ai peur que cet amant, plein de sa passion,
N’ait pas de mon avis compris l’intention ;
Et j’en veux, dans les fers où je suis prisonnière,
Hasarder un qui parle avec plus de lumière.

Sganarelle
Me voilà de retour.

Isabelle
Hé bien ?

Sganarelle
Un plein effet
A suivi tes discours, et ton homme a son fait.
Il me voulait nier que son coeur fût malade ;