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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/471

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Je vais faire venir mon frère promptement.
Faites que le flambeau m’éclaire seulement.
Je vais le réjouir, cet homme sans colère.
Holà !


Scène 5

Ariste
Qui frappe ? Ah ! Ah ! Que voulez-vous, mon frère ?

Sganarelle
Venez, beau directeur, suranné damoiseau :
On veut vous faire voir quelque chose de beau.

Ariste
Comment ?

Sganarelle
Je vous apporte une bonne nouvelle.

Ariste
Quoi ?

Sganarelle
Votre Léonor, où, je vous prie, est-elle ?

Ariste
Pourquoi cette demande ? Elle est, comme je croi,
Au bal chez son amie.

Sganarelle
Eh ! Oui, oui ; suivez-moi,
Vous verrez à quel bal la donzelle est allée.

Ariste
Que voulez-vous conter ?

Sganarelle
Vous l’avez bien stylée :
« Il n’est pas bon de vivre en sévère censeur ;
On gagne les esprits par beaucoup de douceur ;
Et les soins défiants, les verrous et les grilles
Ne font pas la vertu des femmes ni des filles ;
Nous les portons au mal par tant d’austérité,
Et leur sexe demande un peu de liberté. »
Vraiment, elle en a pris tout son soûl, la rusée,
Et la vertu chez elle est fort humanisée.

Ariste
Où veut donc aboutir un pareil entretien ?

Sganarelle