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PREFACE.

les idées Elle-même, et qui a été trouvé partout le plus beau morceau de l’ouvrage’. Il faut avouer, SIRE, que je n’ai jamais rien fait avec tant de facilité, ni si promptemcut, que cet endroit où Votre Majesté me commanda de travailler. J’avois une joie à lui obéir qui me valoit bien mieux quApollon et toutes les Muses ; et je conçois par là ce que je serois capable d’exécuter pour une comédie entière, si j’étois inspiré pur de pareils commandements. Ceux qui sont nés en un rang élevé peuvent se proposer l’honneur de servir Votre Majesté dans les grands emplois ; mais, pour moi, toute la gloire où je puis aspirer, c’est de la réjouir. Je borne là l’ambition de mes souhaits ; et je crois qu’en quelque façon ce n’est pas être inutile à la France que de contribuer ’ quelque chose au divertissement de son roi. Quand je n’y réussirai pas, ce ne sera jamais par un défaut de zèle ui d’étude, mais seulement par un mauvais destin qui suit assez souvent les meilleures intentions, et qui sans doute aflligeroit sensiblement,

SIBB,

DB VOTRE MAJESTE

Le très bumble, très obéissant, el tr fiilèle serviteur et sujet,

MOLIËRE.

PUEFACE.

amais entreprise au théâtre ne fut si précipitée que celle-c^ et c’est une chose, je crois, toute nouvelle, qu’une comédie ait été conçue, faite, apprise et représentée en quinze jours. Je ne dis pas cela pour me piquer de l’impromptu, et en prétendre de la gloire ; mais seulement pour prévenir certaines gens qui pourroient trouver à redire que je n’aie pas mis ici toutes les espèces de fâcheux qui se trouvent. Je sais que le nombre en est grande et à la cour et dans la ville ; et que, sans épisodes, j’eusse bieu pu en composer une comédie en cinq actes bien fournis, et avoir encore de la matière de reste. Mais, dans le peu de temps qui me fut donné, il m’étoit impossible de faire un grand dêâsein.

’■Le caractère de Tàcbeux que le roi donna ordre à Uolière d’ajouter i sa pièce est celui du chasseur, acte II, scène tii.

’ Dans toutes les é/1’iioos publiées du vivant 4e Uolière, le verbe eit ainai «mlilojfé acUvement<