Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/483

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t de rêver beaucoup sur le choix de mes pcrsomi.i^es et sur Is disposition de mon sujet. Je me réduisis doav à ne louclier qu’un petit nombre d’importtms ; et je pris ceux qui s’offrirent d’abord à mon esprit, et que je crus les plus propres à rejouir les augustes personnes devant qui j’avois à paroilre ; et, pour lier promptemcnt toutes ces cboses ensemble, je me servis du premier nœud que je pus trouver. Ce n’est pas mon dessein d’examiner maintenant si tout cela pouvoit être mieux , et si tous ceux qui s’y sont divertis ont ri selon les règles. Le temps viendra de faire imprimer mes remarques sur les pièces que j’aurai faites, et je ne désespère pas de faire voir un jour, en grand auteur, que je puis citer Aristote et Horace. Eu attendant cet examen, qui peut-être ne viendra point, je m’en remets asse» aux décisions de la multitude, et je tiens aussi difficile de combattre un ouvrage que le public approuve que d’en défendre un qu’il condamne.

Il n’y a personne qui ne sache pour quelle réjouissance la pièce fut composée ; et cette fête a fait un tel éclat, qu’il n’est pas nécessaire d’en parler ; mais il ne sera pas liors de propos de dire deux paroles des ornements qu’on a mêlés avec la comédie.

Le dessein étoit de doaner un ballet aussi ; et, comme il n’y avoit qu’un petit nombre choisi de danseurs excellents, on fut contraint de séparer les entrées de ce ballet, et l’avis fut de les jeter dans les entr’actes de la comédie, afin que ces intervalles donnassent temps aux mêmes baladins de revenir sous d’autres habits ; de sorte que, pour ne point rompre aussi le fîl de la pièce par ces manières d’intermèdes, on s’avisa de les coudre au sujet du mieux que l’on put, et de ne faire qu’une seule chose du ballet et de la comédie : mais comme le temps étoit fort précipité, et que tout cela ne fut pas réglé entièrement par une même tête, on trouvera peut-être quelques endroits du ballet qui n’entrent pas dans la comédie aussi nalurellement que d’autres. Quoi qu’il en soit, c’est un mélange qui est nouveau pour nos théâtres, et dont on pourroit chercher quelques autorités dans l’antiquité ; et, comme tout le monde l’a trouvé agréable, iî peut servir d’idée à d’autres choses qui pourroient être méditées avec plus de loisir’.

D’abord que la toile fut levée, un des acteurs, comme vous pourriez dire moi, parut sur le théâtre en habit de ville, et, «’adressant au roi avec le visage d’un homme surpris, fit des excuses en désordre sur ce qu’il se trouvoit là seul, et manquoitde temps et d’acteurs pour donner à Sa Majesté le diver-

■ Oo voit, par ce passage, que Holièie est l’iDveuteur de la comédie-ballet, M qiielM Fdcheuz ea (ont le premier exemple. (A.)