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582 PROLOGUE.

tissement qu’elle sembloit attendre. En même temps, au milieu de vingt jets d’eau naturels, s’ouvrit cette coquille que tout le monde a vue ; et l’agréable Na’iade qui parut dedans s’avança au bord du théâtre, et d’un air héroïque prononça les vers que M. Pellisson avoit faits, et qui servent de prologue. PROLOGUE.

Le théâtre représente un jardin orné de termes et de plusieurs jet» d’eau.


PERSONNAGES


Prologue

Éraste

L’Espine valet d'Éraste

Damis

Orphise


Prologue


Pour voir en ces beaux lieux le plus grand Roi du monde,
Mortels, je viens à vous de ma grotte profonde.
Faut-il en sa faveur que la Terre ou que l'Eau
Produisent à vos yeux un spectacle nouveau?
Qu'il parle ou qu'il souhaite, il n'est rien d'impossible:
Lui-même n'est-il pas un miracle visible?
Son règne, si fertile en miracles divers,
N'en demande-t-il pas à tout cet univers?
Jeune, victorieux, sage, vaillant, auguste,
Aussi doux que sévère, aussi puissant que juste,
Régler et ses États et ses propres désirs,
Joindre aux nobles travaux les plus nobles plaisirs,
En ses justes projets jamais ne se méprendre,
Agir incessamment, tout voir et tout entendre
Qui peut cela, peut tout, il n'a qu'à tout oser,
Et le Ciel à ses vœux ne peut rien refuser.
Ces Termes marcheront, et si Louis l'ordonne,
Ces arbres parleront mieux que ceux de Dodone.
Hôtesses de leurs troncs, moindres divinités,
C'est Louis qui le veut, sortez, Nymphes, sortez

Plusieurs Dryades, accompagnées de Faunes et de Satyres sortent des arbres et des Termes.

Je vous montre l'exemple: il s'agit de lui plaire,
Quittez pour quelque temps votre forme ordinaire,