Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/502

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Orante.
Tout le monde sera de mon opinion.
Climène.
Croyez-vous l’emporter par obstination  ?
Orante..
Je pense mes raisons meilleures que les vôtres.
Climène.
Je voudrois qu’on ouît les unes et les autres.
Orante.
J’avise un homme ici qui n’est pas ignorant  :
Il pourra nous juger sur notre différend.
Marquis, de grâce, un mot  : souffrez qu’on vous appelle
Pour être entre nous deux juge d’une querelle,
D’un débat qu’ont ému nos divers sentiments
Sur ce qui peut marquer les plus parfaits amants.
Éraste.
C’est une question à vuider difficile,


Et vous devez chercher un juge plus habile.
Orante.
Non  : vous nous dites là d’inutiles chansons  ;
Votre esprit fait du bruit, et nous vous connoissons  :
Nous savons que chacun vous donne à juste titre...
Éraste.
Hé  ! De grâce...
Orante.
En un mot, vous serez notre arbitre  :
Et ce sont deux moments qu’il vous faut nous donner.
Climène.
Vous retenez ici qui vous doit condamner  ;
Car enfin, s’il est vrai ce que j’en ose croire,
Monsieur à mes raisons donnera la victoire.
Éraste.
Que ne puis-je à mon traître inspirer le souci
D’inventer quelque chose à me tirer d’ici  !
Orante.
Pour moi, de son esprit j’ai trop bon témoignage,
Pour craindre qu’il prononce à mon désav