Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/548

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La promenade est belle.

Agnès.

Fort belle.

Arnolphe.

Le beau jour !

Agnès.

Fort beau.

Arnolphe.

Quelle nouvelle ?

Agnès.

Le petit chat est mort.

Arnolphe.

C’est dommage ; mais quoi ?

Nous sommes tous mortels, et chacun est pour soi.
Lorsque j’étais aux champs, n’a-t-il point fait de pluie ?

Agnès.

Non.

Arnolphe.

Vous ennuyait-il ?

Agnès.

Jamais je ne m’ennuie.

Arnolphe.

Qu’avez-vous fait encor ces neuf ou dix jours-ci ?

Agnès.

Six chemises, je pense, et six coiffes aussi.

Arnolphe, ayant un peu rêvé.

Le monde, chère Agnès, est une étrange chose.
Voyez la médisance, et comme chacun cause :
Quelques voisins m’ont dit qu’un jeune homme inconnu
était en mon absence à la maison venu,
Que vous aviez souffert sa vue et ses harangues ;
Ma