Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/575

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Mais à ses beaux discours gardez bien de vous rendre.

Alain.

Oh ! vraiment.

Georgette.

Nous savons comme il faut s’en défendre.

Arnolphe.

S’il venait doucement : « Alain, mon pauvre cœur,
Par un peu de secours soulage ma langueur. »

Alain.

Vous êtes un sot.

Arnolphe.
                                     (À Georgette.)

Bon. « Georgette, ma mignonne,
Tu me parais si douce et si bonne personne. »

Georgette.

Vous êtes un nigaud.

Arnolphe.
                                     (À Alain.)

Bon. « Quel mal trouves-tu
Dans un dessein honnête et tout plein de vertu ? »

Alain.

Vous êtes un fripon.

Arnolphe.
                                     (À Georgette.)

Fort bien. « Ma mort est sûre,
Si tu ne prends pitié des peines que j’endure. »

Georgette.

Vous êtes un benêt, un impudent.

Arnolphe.

Fort bien.
« Je ne suis pas un homme à vouloir rien pour rien ;
Je sais, quand on me sert, en garder la mémoire ;
Cependant, par avance, Alain, voilà pour boire ;
Et voilà pour t’avoir, Georgette, un cotillon :
(Ils tendent tous deux la main, et prennent l’argent.)
Ce n’est de mes bienfaits qu’un simple échantillon.
Toute la courtoisie enfin dont je vous presse,
C’est que je puisse voir votre belle maîtresse. »

Georgette, le poussant.