Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/599

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Où donc prétendez-vous aller ?
Vous ne nous parlez point comme il nous faut parler.

Arnolphe.

Je vous ai conseillé, malgré tout son murmure,
D’achever l’hyménée.

Oronte.

Oui. Mais pour le conclure,
Si l’on vous a dit tout, ne vous a-t-on pas dit
Que vous avez chez vous celle dont il s’agit,
La fille qu’autrefois de l’aimable Angélique,
Sous des liens secrets, eut le seigneur Enrique ?
Sur quoi votre discours était-il donc fondé ?

Chrysalde.

Je m’étonnais aussi de voir son procédé.

Arnolphe.

Quoi ?...

Chrysalde.

D’un hymen secret ma sœur eut une fille,
Dont on cacha le sort à toute la famille.

Oronte.

Et qui sous de feints noms, pour ne rien découvrir,
Par son époux aux champs fut donnée à nourrir.

Chrysalde.

Et dans ce temps, le sort, lui déclarant la guerre,
L’obligea de sortir de sa natale terre.

Oronte.

Et d’aller essuyer mille périls divers
Dans ces lieux séparés de nous par tant de mers.

Chrysalde.

Où ses soins ont gagné ce que dans sa patrie
Avaient pu lui ravir l’imposture et l’envie.

Oronte.

Et de retour en France, il a cherché d’abord
Celle à qui de sa fille il confia le sort.

Chrysalde.

Et cette paysanne a dit avec franchise
Qu’en vos mains à quatre ans elle l’avait remise.

Oronte.

Et qu’elle l’avait fait sur votre charité,
Par un accablement d’extrême pauvreté.


Chrysalde.