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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/635

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LA CRITIQUE DE L’ÉCOLE DES FEMMES

sent sur la scène ; et les récits eux-mêmes y sont des actions, suivant la constitution du sujet ; d’autant qu’ils sont tous faits innocemment, ces récits, à la personne intéressée, qui, par-là, entre à tous coups dans une confusion à réjouir les spectateurs, et prend, à chaque nouvelle, toutes les mesures qu’il peut, pour se parer du malheur qu’il craint.

Uranie

Pour moi, je trouve que la beauté du sujet de l’École des Femmes consiste dans cette confidence perpétuelle ; et ce qui me paraît assez plaisant, c’est qu’un homme qui a de l’esprit, et qui est averti de tout par une innocente qui est sa maîtresse, et par un étourdi qui est son rival, ne puisse avec cela éviter ce qui lui arrive.

Le Marquis

Bagatelle, bagatelle.

Climène

Faible réponse.

Élise

Mauvaises raisons.

Dorante

Pour ce qui est des enfants par l’oreille, ils ne sont plaisants que par réflexion à Arnolphe ; et l’auteur n’a pas mis cela pour être de soi un bon mot, mais seulement pour une chose qui caractérise l’homme, et peint d’autant mieux son extravagance, puisqu’il rapporte une sottise triviale qu’a dite Agnès, comme la chose la plus belle du monde, et qui lui donne une joie inconcevable.

Le Marquis

C’est mal répondre.

Climène

Cela ne satisfait point.

Élise

C’est ne rien dire.

Dorante

Quant à l’argent qu’il donne librement, outre que la lettre de son meilleur ami lui est une caution suffisante, il n’est pas incompatible qu’une personne soit ridicule en de certaines choses, et honnête homme en d’autres. Et pour la