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J.-B. POQUELIN DE MOLIÈRE.

Telle est la question qu’a soulevée M. Ed. Fournier ; il se prononce contre l’authenticité, tout en écartant l’accusation, et il cherche à prouver, ou plutôt il démontre qu’Armande n’était point la sœur de Madeleine, comme le porte l’acte du 28 février 1661, mais bien sa fille, sans qu’elle eût été pour cela la fille de Molière. Ce fait a trop d’importance pour que nous n’y insistions pas ici, et nous ne pouvons mieux faire que de donner encore une fois la parole à M. Fournier :

« Un jour, dont la date certaine n’est pas connue, dans un lieu qu’on ne connaît pas davantage, et dont on ne peut même dire si c’était une ville ou un village, en Guyenne, en Languedoc ou en Provence, une fille fut présentée à baptiser sous les noms d’Armande-Gresinde-Claire-Élisabeth. Elle était née dans la famille Béjart. Qui en était la mère ? Vous ne doutez pas que c’est Madeleine, Ce que l’on sait de sa vie passée, de ses galanteries présentes, permet à ce sujet la certitude presque complète, d’autant que Geneviève, sa jeune sœur, qui n’est pas encore mariée, ne fait guère parler d’elle, et que leur mère à toutes deux, dont le huitième et dernier enfant est né quatorze ans auparavant, n’est plus en âge d’en avoir d’autre.

« C’est pourtant sous le nom de cette bonne femme que la nouvelle petite fille est déclarée. On lui donne pour mère celle qui, tout l’atteste, ne peut être vraisemblablement que son aïeule. De pareilles substitutions n’étaient pas difficiles alors. Les registres des paroisses qui servaient pour l’état civil étaient partout fort négligemment tenus, surtout dans ces villages du Midi, dont l’un, comme je crois, dut voir naître Armande. Il fallait toutefois, pour de telles supercheries, un motif grave, et celui des Béjart l’était. Quand tout cela se passe-t-il, en effet ? Dans les premiers mois de 1644 environ.

« Richelieu est mort, Louis XIII l’a suivi, un nouveau règne commence et les persécutés du précèdent seront