dite Marie Hervé, mère de la mariée, Louis Béjart et Madeleine Béjart, frère et sœur de ladite mariée[1]. »
Ici se place dans la biographie de Molière un fait qui a donné lieu à bien des discussions. Madeleine Béjart, avons nous dit plus haut, avait été la maîtresse de Molière. Les ennemis de l’auteur du Tartuffe prétendirent qu’Armande était née de cette liaison, et le comédien Monlfleury, en présentant dans une requête au roi cette calomnie comme un fait avéré, a fait peser sur sa mémoire l’opprobre d’un mariage incestueux. Louis XIV, il est vrai, avait répondu à cette inculpation en tenant sur les fonts de baptême, le 19 janvier 1664, le premier enfant de Molière, comme le prouve l’acte suivant :
« Du jeudi 28 février 1664, fut baptisé Louis, fils de M. Jean-Baptiste Molière, valet de chambre du roi, et de damoiselle Armande-Grésinde Béjart, sa femme, vis-à-vis le Palais-Royal. Le parrain, haut et puissant seigneur messire Charles, duc de Créqui, premier gentilhomme de la chambre du roi, ambassadeur à Rome, tenant pour Louis quatorzième, roi de France et de Navarre : la marraine, dame Colombe le Charron, épouse de messire César de Choiseul, maréchal du Plessy, tenante pour madame Henriette d’Angleterre, duchesse d’Orléans. L’enfant est né le 19 janvier audit an. Signé Colombet. »
Malgré cette réparation, le fait de l’inceste mis en avant par Montfleury n’en trouva pas moins créance auprès de quelques contemporains ; il était même resté des doutes jusqu’à nos jours. D’après l’acte de mariage de Molière, ci-dessus reproduit, ces doutes seraient dissipés puisqu’Armande y est désignée comme étant sœur de Madeleine : le reproche d’inceste se trouverait ainsi complètement écarté ; mais l’acte est-il authentique ?
- ↑ Signé : J.-B. Poquelin (c’est Molière) ; J. Poquelin (c’est son père) ; Boudet (son beau-frère) ; Marie Hervé ; Armande-Grésinde Béjart ; Louis Béjart, et Béjart (Madeleine), sœur de la mariée.