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J.-B. POQUELIN DE MOLIERE.

La conscience publique s’était révoltée contre l’intolérance de l’archevêque. Malgré l’interdiction, on ordonna, dit un contemporain, quantité de messes pour le défunt, et ses amis firent frapper en son honneur une médaille de bronze représentant d’un côté son buste avec cette légende : J.-B. Po. de Molière, et de l’autre un tombeau sur lequel on lit : Poëte et comédien, M. en 1673. Près du tombeau est une Renommée tenant d’une main une trompette et s’appuyant de l’autre sur un globe terrestre[1].

Molière avait eu trois enfants : Louis, filleul du roi, né en 1664 ; Esprit-Marie-Madeleine, née le 4 août 1665, et Jean-Baptiste Armand, né en septembre 1672. Ses deux fils moururent en bas âge ; sa fille épousa M. de Montalant, mais n’eut point de postérité. Sa veuve, Armande Béjart, se remaria avec Guérin d’Estriché ; elle resta au théâtre jusqu’en 1694, et mourut à Paris, le 25 novembre 1700, dans la rue de Touraine.

    la section de Molière. Les administrateurs décidèrent que ces hommes illustres seraient exhumés et que leurs restes seraient déposés dans des monuments dignes de leur renommée.
    xxxx « Le 6 juillet, dit M. Taschereau, on procéda aux fouilles ; mais il est à peu près certain que ce ne furent pas les ossements de la Fontaine qu’on retira ; il est douteux qu’on ait été plus heureux pour Molière. Quoi qu’il en soit, les dépouilles funèbres qu’on recueillit comme étant celles des deux illustres amis ne reçurent pas les honneurs pour lesquels on avait troublé leur repos. Pendant sept ans, ces mânes précieux furent transportés successivement dans plusieurs lieux, où ils demeurèrent dans un profond abandon. Enfin, M. Alexandre Lenoir, conservateur des monuments français, rougissant pour notre patrie de sa coupable indifférence, obtint, par ses instantes démarches, la translation des deux cercueils aux Petits-Augustins ; elle eut lieu sans aucune pompe, le 7 mai 1799.
    xxxx « Le Musée des monuments français ayant été supprimé le 6 mars 1817, les restes présumés de Molière et de la Fontaine, après avoir été présentés et reçus à l’église paroissiale de Saint-Germain des Prés, furent transportés au cimetière du Père-la-Chaise. »

  1. Sur cette médaille, Moniteur de 1844, p. 1,013, l,538, et le Roman de Molière, p. 171.