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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/98

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J.-B. POQUELIN DE MOLIÈRE.

passer dans sa troupe. Elle débuta avec un grand succès dans la capitale, en 1670, remplit avec éclat les grands rôles comiques, et mourut en 1720, âgée de soixante-treize ans environ, après avoir eu vingt-quatre enfants. — Mademoiselle Marotte Beaupré était, si l’on s’en rapporte à Robinet, extrêmement jolie et sage au par-dessus. Elle entra en 1669 dans la troupe de Molière, et se retira en 1672. Mademoiselle Beaupré, ayant eu une querelle avec une autre actrice, nommée Catherine Désurils, les deux femmes mirent l’épée à la main, et se battirent en duel. Sauval, qui vit le combat, en parle dans ses Antiquités de Paris. — Mademoiselle du Croisy, femme de l’acteur de ce nom, resta peu de temps dans la troupe de Molière, où elle n’obtint aucun succès, et s’en retira avant 1673. — Mademoiselle du Croisy, fille de la précédente, remplit le rôle d’une des Grâces dans Psyché ; mais il parait qu’elle ne fut reçue dans la troupe qu’après la mort de Molière. — Mademoiselle Du Parc, femme de Du Parc dit Gros-René, s’engagea avec son mari dans la troupe de Molière, dès le début de l’Illustre Théâtre. Elle était à la fois tragédienne, comédienne et danseuse. On lit dans le Mercure de France, de 1740, qu’elle faisait certaines cabrioles remarquables pour le temps ; qu’on voyait ses jambes au moyen d’une jupe qui était ouverte des deux côtés, avec des bas de soie, attachés au haut d’une petite culotte, ce qui était alors une nouveauté. Mademoiselle Du Parc joua avec succès dans quelques-unes des tragédies de Racine. — Mademoiselle Lagrange (Marie Ragueneau), femme du comédien Lagrange, mourut en 1727. — Catherine Leclerc, femme d’Edme Wilquin, connue sous le nom de mademoiselle de Brie, l’une des meilleures actrices de son temps, était une très-belle personne. Elle inspira un attachement très-vif à Molière, et le traita toujours très-favorablement.

Nous devons ajouter que cette troupe formée par Molière éleva pour la première fois le jeu de la scène à la hauteur d’un art véritable, et qu’elle se montra digne de ce nom de Comédie Française qu’elle prit plus tard.


INVENTAIRE DE MOLIÈRE


Ensuivent les habits de théâtre.
 Item. Une manne dans laquelle il y a un habit pour la représentation du Bourgeois gentilhomme, consistant en une robe de chambre rayée, doublée de taffetas aurore et vert, un haut-de-chausses de panne rouge, une camisole de panne bleue, un bonnet de nuit et une coiffe, des chausses et une écharpe de toile peinte à l’Indienne, une veste à la Turque et un turban, un sabre, des chausses de brocart aussi garnies de rubans vert et aurore, et deux points de Sedan. Le pourpoint de taffetas garni de dentelle d’argent faux. Le ceinturon, des bas de soie verts et des gants, avec un chapeau garni de plumes aurore et vert ; prisé ensemble soixante-dix livres, ci 
 lxx’’.