vantable coup qui vous menace. De grâce, don Juan, accordez-moi, pour dernière faveur, cette douce consolation ; ne me refusez point votre salut, que je vous demande avec larmes ; et si vous n’êtes point touché de votre intérêt, soyez-le au moins de mes prières, et m’épargnez le cruel déplaisir de vous voir condamner à des supplices éternels.
Pauvre femme !
Je vous ai aimé avec une tendresse extrême, rien au monde ne m’a été si cher que vous ; j’ai oublié mon devoir pour vous, j’ai fait toutes choses pour vous ; et toute la récompense que je vous en demande, c’est de corriger votre vie, et de prévenir votre perte. Sauvez-vous, je vous prie, ou pour l’amour de vous, ou pour l’amour de moi. Encore une fois, don Juan, je vous le demande avec larmes ; et, si ce n’est assez des larmes d’une personne que vous avez aimée, je vous en conjure par tout ce qui est le plus capable de vous toucher.
Cœur de tigre !
Je m’en vais après ce discours : et voilà tout ce que j’avais à vous dire.
Madame, il est tard, demeurez ici. On vous y logera le mieux qu’on pourra.
Non, don Juan, ne me retenez pas davantage.
Madame, vous me ferez plaisir de demeurer, je vous assure.
Non, vous dis-je ; ne perdons point de temps en discours superflus. Laissez-moi vite aller, ne faites aucune instance pour me conduire, et songez seulement à profiter de mon avis.
Scène X
Sais-tu bien que j’ai encore senti quelque peu d’émotion