Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/128

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pour elle, que j’ai trouvé de l’agrément dans cette nouveauté bizarre, et que son habit négligé, son air languissant et ses larmes, ont réveillé en moi quelques petits restes d’un feu éteint.

Sganarelle

C’est-à-dire que ses paroles n’ont fait aucun effet sur vous.

Don Juan

Vite à souper.

Sganarelle

Fort bien.



Scène XI

DON JUAN, SGANARELLE, LA VIOLETTE, RAGOTIN.
Don Juan, se mettant à table.

Sganarelle, il faut songer à s’amender, pourtant.

Sganarelle

Oui-dà.

Don Juan

Oui, ma foi, il faut s’amender. Encore vingt ou trente ans de cette vie-ci, et puis nous songerons à nous.

Sganarelle

Oh !

Don Juan

Qu’en dis-tu ?

Sganarelle

Rien. Voilà le souper.

(Il prend un morceau d’un des plats qu’on apporte, et le met dans sa bouche.)
Don Juan

Il me semble que tu as la joue enflée : qu’est-ce que c’est ? Parle donc. Qu’as-tu là ?

Sganarelle

Rien.

Don Juan

Montre un peu. Parbleu ! c’est une fluxion qui lui est tombée sur la joue. Vite une lancette pour percer cela ! le pauvre garçon n’en peut plus, et cet abcès le pourrait étouffer. Attends : voyez comme il était mûr. Ah ! coquin que vous êtes !