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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/245

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vos plaintes, est un homme qui ne saurait me revenir ; et, depuis que je l’ai vu, trois quarts d’heure durant, cracher dans un puits pour faire des ronds, je n’ai jamais pu prendre bonne opinion de lui. Pour le petit marquis…

C’est moi-même, messieurs, sans nulle vanité.


» Pour le petit marquis, qui me tint hier longtemps la main, je trouve qu’il n’y a rien de si mince que toute sa personne ; et ce sont de ces mérites qui n’ont que la cape et l’épée. Pour l’homme aux rubans verts…

(À Alceste.)

À vous le dé, monsieur.


» Pour l’homme aux rubans verts[1], il me divertit quelquefois avec ses brusqueries et son chagrin bourru ; mais il est cent moments où je le trouve le plus fâcheux du monde. Et pour l’homme au sonnet[2]

(À Oronte.)

Voici votre paquet.


» Et pour l’homme au sonnet, qui s’est jeté dans le bel esprit, et veut être auteur malgré tout le monde, je ne puis me donner la peine d’écouter ce qu’il dit ; et sa prose me fatigue autant que ses vers. Mettez-vous donc en tête que je ne me divertis pas toujours si bien que vous pensez ; que je vous trouve à dire, plus que je ne voudrais, dans toutes les parties où l’on m’entraîne ; et que c’est un merveilleux assaisonnement aux plaisirs qu’on goûte, que la présence des gens qu’on aime.

Clitandre

Me voici maintenant, moi.


» Votre Clitandre, dont vous me parlez, et qui fait tant le

  1. À cette époque les jeunes seigneurs se paraient, comme les dames, de nœuds de rubans, et cette parure féminine entrait même dans leur toilette militaire. Aujourd’hui, cette brillante toilette qui marque le siècle est négligée par les acteurs qui jouent les rôles d’Oronte, d’Acaste et de Clitandre ; mais pour que ces mots, l’homme aux rubans verts, conservent leur application, Alceste paraît avec un nœud de cette couleur attaché à son épaule. Ainsi le Misanthrope, dont l’habit doit être simple et modeste, est le seul qui se présente avec des rubans. Un semblable contre-sens suffirait pour faire sentir la nécessité de rétablir les costumes.
    (Aimé Martin.)
  2. Variante : L’homme à la veste, etc.