Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/300

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remettre Lucinde en votre pouvoir. Nous avons eu dessein de prendre la fuite nous deux, et de nous aller marier ensemble ; mais cette entreprise a fait place à un procédé plus honnête. Je ne prétends point vous voler votre fille, et ce n’est que de votre main que je veux la recevoir. Ce que je vous dirai, monsieur, c’est que je viens tout à l’heure de recevoir des lettres par où j’apprends que mon oncle est mort, et que je suis héritier de tous ses biens.

Géronte

Monsieur, votre vertu m’est tout à fait considérable, et je vous donne ma fille avec la plus grande joie du monde.

Sgaarelle, à part.

La médecine l’a échappé belle !

Martine

Puisque tu ne seras point pendu, rends-moi grâce d’être médecin, car c’est moi qui t’ai procuré cet honneur.

Sganarelle

Oui ! c’est toi qui m’as procuré je ne sais combien de coups de bâton.

Léandre, à Sganarelle.

L’effet en est trop beau pour en garder du ressentiment.

Sganarelle

Soit. (à Martine.) Je te pardonne ces coups de bâton en faveur de la dignité où tu m’as élevé : mais prépare-toi désormais à vivre dans un grand respect avec un homme de ma conséquence, et songe que la colère d’un médecin est plus à craindre qu’on ne peut croire.



Fin du Médecin malgré lui.