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MÉLICERTE,

PASTORALE HÉROÏQUE.
1666.


NOTICE.


Cette pièce, restée inachevée, fut composée pour figurer au nombre des divertissements de la fête célèbre connue sous le nom de Ballet des Muses, et qui eut lieu à Saint-Germain, en décembre 1666. La plupart des commentateurs se sont demandé pourquoi Molière n’avait point terminé cet ouvrage, qui offre, en bien des points, beaucoup de charme et de fraîcheur. M. Aimé Martin donne de ce fait l’explication suivante : « Molière avait composé Mélicerte dans le dessein de faire valoir à la cour les grâces naissantes du jeune Baron, qu’il aimait comme son fils, et pour qui il avait composé le rôle de Myrtil. Peu de temps avant la représentation du Ballet des Muses, le jeune Baron, qui demeurait chez Molière, ayant essuyé quelques mauvais traitements de la femme de ce dernier, se retira chez la Raisin. Tout ce qu’on put obtenir de lui, c’est qu’il remplirait à la fête de la cour son rôle dans Mélicerte. Les caresses de Molière n’ayant pu apaiser son ressentiment, il eut la hardiesse de demander lui-même au roi la permission de se retirer, et cette permission lui fut accordée. Alors Molière négligea de terminer un ouvrage qui désormais était sans but. »

Le sujet de Mélicerte est emprunté à l’épisode de Timarète et Sésostris, qui se trouve dans Cyrus, roman de mademoiselle de Scudéry.

Cette pièce fut achevée en 1699 par un fils de la veuve de Molière, né de son second mariage avec le comédien Détriché, connu au théâtre sous le nom de Guérin. Guérin fils changea la versification des deux premiers actes, qu’il mit en vers libres et irréguliers. Il conduisit l’action jusqu’au dénoûment, et y joignit des intermèdes ; mais cette tentative ne fut point heureuse.