Je vous défends, tout net, d’oser dire un seul mot.
Ils sont bien raisonnés, et j’en fais un grand cas :
Mais vous trouverez bon que je n’en use pas.
Et votre aveuglement fait que je vous admire.
C’est être bien coiffé, bien prévenu de lui,
Que de nous démentir sur le fait d’aujourd’hui !
Pour mon fripon de fils je sais vos complaisances ;
Et vous avez eu peur de le désavouer
Du trait qu’à ce pauvre homme il a voulu jouer.
Vous étiez trop tranquille, enfin, pour être crue ;
Et vous auriez paru d’autre manière émue.
Il faut que notre honneur se gendarme si fort ?
Et ne peut-on répondre à tout ce qui le touche
Que le feu dans les yeux, et l’injure à la bouche ?
Pour moi, de tels propos je me ris simplement ;
Et l’éclat, là-dessus, ne me plaît nullement.
J’aime qu’avec douceur nous nous montrions sages ;
Et ne suis point du tout pour ces prudes sauvages
Dont l’honneur est armé de griffes et de dents,
Et veut au moindre mot dévisager les gens.
Me préserve le ciel d’une telle sagesse !
Je veux une vertu qui ne soit point diablesse,
Et crois que d’un refus la discrète froideur
N’en est pas moins puissante à rebuter un cœur.
- ↑ Parlez à votre écot, c’est-à-dire : Parlez à ceux qui sont de votre écot, de votre compagnie.
(Petitot.)