Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/554

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Monsieur, suis-je connu de vous ?

Clitandre
Non pas, que je sache, Monsieur.

Monsieur de Sotenville
Je m’appelle le baron de Sotenville.

Clitandre
Je m’en réjouis fort.

Monsieur de Sotenville
Mon nom est connu à la cour, et j’eus l’honneur dans ma jeunesse de me signaler des premiers à l’arrière-ban de Nancy.

Clitandre
À la bonne heure.

Monsieur de Sotenville
Monsieur, mon père Jean-Gilles de Sotenville eut la gloire d’assister en personne au grand siège de Montauban.

Clitandre
J’en suis ravi.

Monsieur de Sotenville
Et j’ai eu un aïeul, Bertrand de Sotenville, qui fut si considéré en son temps, que d’avoir permission de vendre tout son bien pour le voyage d’outre-mer.

Clitandre
Je le veux croire.

Monsieur de Sotenville
Il m’a été rapporté, Monsieur, que vous aimez et poursuivez une jeune personne, qui est ma fille, pour laquelle je m’intéresse, et pour l’homme que vous voyez, qui a l’honneur d’être mon gendre.

Clitandre
Qui, moi ?

Monsieur de Sotenville
Oui ; et je suis bien aise de vous parler, pour tirer de vous, s’il vous plaît, un éclaircissement de cette affaire.

Clitandre
Voilà une étrange médisance ! Qui vous a dit cela, Monsieur ?

Monsieur de Sotenville