Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/570

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Je te le garde aussi bien que le baiser.

Clitandre
Dis-moi, as-tu rendu mon billet à ta belle maîtresse ?

Claudine
Oui, elle est allée y répondre.

Clitandre
Mais, Claudine, n’y a-t-il pas moyen que je la puisse entretenir ?

Claudine
Oui : venez avec moi, je vous ferai parler à elle.

Clitandre
Mais le trouvera-t-elle bon ? et n’y a-t-il rien à risquer ?

Claudine
Non, non : son mari n’est pas au logis ; et puis, ce n’est pas lui qu’elle a le plus à ménager, c’est son père et sa mère ; et pourvu qu’ils soient prévenus, tout le reste n’est point à craindre.

Clitandre
Je m’abandonne à ta conduite.

Lubin
Testiguenne ! que j’aurai là une habile femme ! Elle a de l’esprit comme quatre.



Scène 5

George Dandin, Lubin.

George Dandin
Voici mon homme de tantôt. Plût au Ciel qu’il pût se résoudre à vouloir rendre témoignage au père et à la mère de ce qu’ils ne veulent point croire !

Lubin
Ah ! vous voilà, Monsieur le babillard, à qui j’avais tant recommandé de ne point parler, et qui me l’aviez tant promis. Vous êtes donc un causeur, et vous allez redire ce que l’on vous dit en secret ?

George Dandin
Moi ?

Lubin
Oui. Vous avez été tout rapporter au mari, et vou