Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/576

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

montres un digne rejeton de la maison de Sotenville. Viens çà, approche-toi que je t’embrasse.

Madame de Sotenville
Embrasse-moi aussi, ma fille. Las ! je pleure de joie, et reconnais mon sang aux choses que tu viens de faire.

Monsieur de Sotenville
Mon gendre, que vous devez être ravi, et que cette aventure est pour vous pleine de douceurs ! Vous aviez un juste sujet de vous alarmer ; mais vos soupçons se trouvent dissipés le plus avantageusement du monde.

Madame de Sotenville
Sans doute, notre gendre, vous devez maintenant être le plus content des hommes.

Claudine
Assurément. Voilà une femme, celle-là. Vous êtes trop heureux de l’avoir, et vous devriez baiser les pas où elle passe.

George Dandin
Euh ! traîtresse !

Monsieur de Sotenville
Qu’est-ce, mon gendre ? que ne remerciez-vous un peu votre femme de l’amitié que vous voyez qu’elle montre pour vous ?

Angélique
Non, non, mon père, il n’est pas nécessaire. Il ne m’a aucune obligation de ce qu’il vient de voir, et tout ce que j’en fais n’est que pour l’amour de moi-même.

Monsieur de Sotenville
Où allez-vous, ma fille ?

Angélique
Je me retire, mon père, pour ne me voir point obligée à recevoir ses compliments.

Claudine
Elle a raison d’être en colère. C’est une femme qui mérite d’être adorée, et vous ne la traitez pas comme vous devriez.

George Dandin
Scélérate !

Monsieur de Sotenville