Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/583

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Oui, Monsieur.

George Dandin
Va vite, et reviens de même. Et moi, je vais rentrer dans ma maison, attendant que… Mais j’entends quelqu’un. Ne serait-ce point ma femme ? Il faut que j’écoute, et me serve de l’obscurité qu’il fait.



Scène 5

Clitandre, Angélique, George Dandin, Claudine, Lubin.

Angélique
Adieu. Il est temps de se retirer.

Clitandre
Quoi ? si tôt ?

Angélique
Nous nous sommes assez entretenus.

Clitandre
Ah ! Madame, puis-je assez vous entretenir, et trouver en si peu de temps toutes les paroles dont j’ai besoin ? Il me faudrait des journées entières pour me bien expliquer à vous de tout ce que je sens, et je ne vous ai pas dit encore la moindre partie de ce que j’ai à vous dire.

Angélique
Nous en écouterons une autre fois davantage.

Clitandre
Hélas ! De quel coup me percez-vous l’âme lorsque vous parlez de vous retirer, et avec combien de chagrins m’allez-vous laisser maintenant ?

Angélique
Nous trouverons moyen de nous revoir.

Clitandre
Oui ; mais je songe qu’en me quittant, vous allez trouver un mari. Cette pensée m’assassine, et les priviléges qu’ont les maris sont des choses cruelles pour un amant qui aime bien.

Angélique
Serez-vous assez faible pour avoir cette inquiétude, et pensez-vous qu’on soit capable d’aimer de certains maris qu’il y a ? On les prend, parce qu’on ne s’en peut défendre, et que l’on