Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/591

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Comment ? vous avez…

Angélique
Va, va, traître, je suis lasse de tes déportements, et je m’en veux plaindre, sans plus tarder, à mon père et à ma mère.

George Dandin
Quoi ? c’est ainsi que vous osez…



Scène 7

Monsieur et Madame de Sotenville, Claudine, Colin, Angélique, George Dandin.

Monsieur et madame de Sotenville sont en des habits de nuit, et conduits par Colin, qui porte une lanterne.

Angélique
Approchez, de grâce, et venez me faire raison de l’insolence la plus grande du monde d’un mari à qui le vin et la jalousie ont troublé de telle sorte la cervelle, qu’il ne sait plus ni ce qu’il dit, ni ce qu’il fait, et vous a lui-même envoyé quérir pour vous faire témoins de l’extravagance la plus étrange dont on ait jamais ouï parler. Le voilà qui revient comme vous voyez, après s’être fait attendre toute la nuit ; et, si vous voulez l’écouter, il vous dira qu’il a les plus grandes plaintes du monde à vous faire de moi ; que durant qu’il dormait, je me suis dérobée d’auprès de lui pour m’en aller courir, et cent autres contes de même nature qu’il est allé rêver.

George Dandin
Voilà une méchante carogne.

Claudine
Oui, il nous a voulu faire accroire qu’il était dans la maison,