Moi, me railler de vous ? Dieu m’en garde ! Je vous aime trop pour cela, et c’est du fond du cœur que je vous parle.
Je vous suis bien obligée, si ça est.
Point du tout, vous ne m’êtes point obligée de tout ce que je dis ; et ce n’est qu’à votre beauté que vous en êtes redevable.
Monsieu, tout ça est trop bien dit pour moi, et je n’ai pas d’esprit pour vous répondre.
Sganarelle, regarde un peu ses mains.
Fi ! monsieu, elles sont noires comme je ne sais quoi.
Ah ! que dites-vous là ? Elles sont les plus belles du monde : souffrez que je les baise, je vous prie.
Monsieu, c’est trop d’honneur que vous me faites ; et si j’avais su ça tantôt, je n’aurais pas manqué de les laver avec du son.
Et dites-moi un peu, belle Charlotte, vous n’êtes pas mariée, sans doute ?
Non, monsieu ; mais je dois bientôt l’être avec Piarrot, le fils de la voisine Simonette.
Quoi ? une personne comme vous serait la femme d’un simple paysan ! Non, non, c’est profaner tant de beautés, et vous n’êtes pas née pour demeurer dans un village. Vous méritez, sans doute, une meilleure fortune, et le ciel, qui le connaît bien, m’a conduit ici tout exprès pour empêcher ce mariage, et rendre justice à vos charmes ; car enfin, belle Charlotte, je vous aime de tout mon cœur, et il ne tiendra qu’à vous que je vous arrache de ce misérable lieu, et ne vous mette dans l’état où vous méritez d’être. Cet amour est bien prompt, sans doute ; mais quoi ! c’est un effet,