Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/137

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PREMIER MÉDECIN.

Bon ! dire des injures ! voilà un diagnostique qui nous manquoit pour la confirmation de son mal ; et ceci pourroit bien tourner en manie.

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC, à part.

Avec qui m’a-t-on mis ici ?

(Il crache deux ou trois fois.)
PREMIER MÉDECIN.

Autre diagnostique : la sputation fréquente.

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Laissons cela, et sortons d’ici.

PREMIER MÉDECIN.

Autre encore : l’inquiétude de changer de place.

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Qu’est-ce donc que toute cette affaire ? et que me voulez-vous ?

PREMIER MEDECIN.

Vous guérir, selon l’ordre qui nous a été donné.

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Me guérir ?

PREMIER MÉDECIN.

Oui.

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Parbleu ! je ne suis pas malade.

PREMIER MÉDECIN.

Mauvais signe, lorsqu’un malade ne sent pas son mal.

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Je vous dis que je me porte bien.

PREMIER MÉDECIN.

Nous savons mieux que vous comment vous vous portez ; et nous sommes médecins qui voyons clair dans votre constitution.

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Si vous êtes médecins, je n’ai que faire de vous ; et je me moque de la médecine.

PREMIER MÉDECIN.

Hom ! hom ! voici un homme plus fou que nous ne pensons.

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Mon père et ma mère n’ont jamais voulu de remèdes, et ils sont morts tous deux sans l’assistance des médecins.