Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/143

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ORONTE.

Et quel mal, s’il vous plaît ?

PREMIER MÉDECIN.

Ne vous en mettez pas en peine.

ORONTE.

Est-ce quelque mal… ?

PREMIER MÉDECIN.

Les médecins sont obligés au secret. Il suffit que je vous ordonne, à vous et à votre fille, de ne point célébrer, sans mon consentement, vos noces avec lui, sur peine d’encourir la disgrâce de la Faculté, et d’être accablés de toutes les maladies qu’il nous plaira.

ORONTE.

Je n’ai garde, si cela est, de faire le mariage.

PREMIER MÉDECIN.

On me l’a mis entre les mains ; et il est obligé d’être mon malade.

ORONTE.

À la bonne heure.

PREMIER MÉDECIN.

Il a beau fuir ; je le ferai condamner, par arrêt, à se faire guérir par moi.

ORONTE.

J’y consens.

PREMIER MÉDECIN.

Oui, il faut qu’il crève, ou que je le guérisse.

ORONTE.

Je le veux bien.

PREMIER MÉDECIN.

Et, si je ne le trouve, je m’en prendrai à vous, et je vous guérirai au lieu de lui.

ORONTE.

Je me porte bien.

PREMIER MÉDECIN.

Il n’importe. Il me faut un malade, et je prendrai qui je pourrai.

ORONTE.

Prenez qui vous voudrez ; mais ce ne sera pas moi. (seul.) Voyez un peu la belle raison !